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LORD ROCHESTER, à part.

Tudieu !


CARR.

Guidez mes pas dans le chemin étroit ;

Et glorifiez-vous, vous dont le cœur est droit !
Les mille ans sont venus. Les saints que Dieu seconde
De Gog jusqu’à Magog vont gouverner le monde.
Vous êtes saints !


LORD ROCHESTER, poliment.

Monsieur, vous nous faites honneur...


CARR, avec enthousiasme.

Les pierres de Sion sont chères au Seigneur.


LORD ROCHESTER.

Voilà parler !


CARR.

À moins que mon Dieu ne me touche,

Je suis comme un muet qui n’ouvre point la bouche.
C’est vous que mon oreille écoutera toujours,
Car la manne céleste abonde en vos discours !

Montrant lord Ormond

Dites-moi, vous étiez d’opinions diverses ?
Sur quel texte roulaient vos saintes controverses ?


LORD ROCHESTER.

Tout à l’heure, monsieur ? — C’était sur un verset…

À part.

Pardieu ! si mon quatrain par hasard lui plaisait ?
Il m’écoute déjà d’une ardeur sans pareille !
Quel poëte d’ailleurs pourrait voir une oreille
S’ouvrir si largement, sans y jeter des vers ?
Risquons le madrigal, à tort comme à travers !
D’abord faisons-le boire. On sait qu’au bruit des verres
Se dérident parfois nos puritains sévères. —

Haut.

Monsieur doit avoir soif ?