Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/44

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mille marcs d’or, rien de plus. Je ne vous demande pas la somme à vous, parce qu’il n’y a qu’une tête couronnée qui puisse la payer. Voilà parler nettement, j’espère. Voyez-vous, mylord, deux hommes aussi adroits que vous et moi n’ont rien à gagner à se tromper l’un l’autre. Si la franchise était bannie de la terre, c’est dans le tête-à-tête de deux fripons qu’elle devrait se retrouver.

FABIANI.

Impossible. Je ne puis te donner ce blanc-seing. Dix mille marcs d’or ! Que dirait la reine ? Et puis, demain je puis être disgracié ; ce blanc-seing, c’est ma sauvegarde ; ce blanc-seing, c’est ma tête.

L’HOMME.

Qu’est-ce que cela me fait ?

FABIANI.

Demande-moi autre chose.

L’HOMME.

Je veux cela.

FABIANI.

Juif, donne-moi les papiers de Jane Talbot.

L’HOMME.

Mylord, donnez-moi le blanc-seing de la reine.

FABIANI.

Allons, juif maudit ! il faut te céder.

Il tire un papier de sa poche.
L’HOMME.

Montrez-moi le blanc-seing de la reine.

FABIANI.

Montre-moi les papiers de Talbot.

L’HOMME.

Après.

Ils s’approchent de la lanterne. Fabiani, placé derrière le juif, de la main gauche lui tient le papier sous les yeux. L’homme l’examine.

L’HOMME, lisant.

« Nous, Marie, reine… » — C’est bien. — Vous voyez que je suis comme vous, mylord. J’ai tout calculé. J’ai tout prévu.