Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/524

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On ne peut voyager que par bandes armées.

Karl.
Par les petits tyrans les peuples sont froissés.

Teudon.
Quatre empereurs — c'est trop. Et ce n'est pas assez.
En fait de rois, vois-tu, Karl, un vaut plus que quatre.

Kunz.
Il faudrait un bras fort pour lutter, pour combattre.
Mais, hélas! Barberousse est mort, — bien mort, Suénon !

Swan, à Jossius.

A-t-on dans le Cydnus retrouvé son corps ? 

Jossius.
Non.
Les flots l'ont emporté.

Teudon. Swan, as-tu connaissance
De la prédiction qu'on fit à sa naissance ?
— « Cet enfant, dont le monde un jour suivra les lois,
« Deux fois sera cru mort et revivra deux fois. » —
Or, la prédiction, qu'on raille ou qu'on oublie,
Une première fois semble s'être accomplie.

Hermann.
Barberousse est l'objet de cent contes.

Teudon.
Je dis
Ce que je sais. J'ai vu, vers l'an quatre-vingt-dix,
A Prague, à l'hôpital, dans une casemate,
Un certain Sfrondati, gentilhomme dalmate,
Fort vieux, et qu'on disait privé de sa raison.
Cet homme racontait tout haut dans sa prison,
Qu'étant jeune, à cet âge où tout hasard nous pousse,
Chez le duc Frédéric, père de Barberousse,
Il était écuyer. La duc fut consterné
De la prédiction faite à son nouveau-né.