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Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/557

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en sursaut.
Seigneur... Comtesse...

Job.
Ce matin je sentais redoubler ma tristesse.
Ce que ce mendiant, mon hôte, a dit hier
Passait à chaque instant en moi comme un éclair;
A Régina.
Puis je songeais à loi, que je voyais mourante;
A ta mère, ombre triste autour de nous errante... —
A Otbert.
Tout à coup dans ma chambre elle entre, cette enfant,
Fraîche, rose, le front joyeux, l'air triomphant.
Un miracle! Je ris, je pleure, je chancelle.
— Venez remercier sire Otbert, me dit-elle.
J'ai répondu : Courons remercier Otbert.
Nous avons traversé le vieux château désert.

Régina , gaiement.
Et nous voici tous deux courant!

Job, à Otbert.
Mais quel mystère?
Ma Régina guérie !... Il ne faut rien me taire.
Comment donc as-tu fait pour la sauver ainsi?

Otbert.
C'est un philtre, un secret, qu'une esclave d'ici
M'a vendu.

Job.
Cette esclave est libre ! je lui donne
Cent livres d'or, des champs, des vignes ! Je pardonne
Aux condamnés à mort dans ce burg gémissants!
J'accorde la franchise à mille paysans,
Au choix de Régina.
Il leur prend les mains.
J'ai le cœur plein de joie !
Les regardant avec tendresse.
Puis il suffit aussi que tous deux je vous voie !
Il fait quelques pas vers le devant du théâtre et semble tomber dans une profonde rêverie.