Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/591

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N'en crois rien! Tu n'es pas mon fils, non, mon Otbert!
Vois-tu quand on est vieux, le souvenir se perd;
Mais la nuit du sabbat, tu le sais, on égorge
Un enfant. C'est ainsi qu'on a tue mon George.
Des Juifs. J'en eus la preuve. Otbert! rassure-toi,
Sois tranquille, mon fils ! — Eh bien encore! Voi,
Je t'appelle mon fils. Tu vois bien. L'habitude !
Mon Dieu! crois-moi, la lutte à mon âge est bien rude,
Ne garde pas de doute, obéis-moi sans peur!
Vois, je baise ton front, je presse sur mon cœur
Ta main qui va frapper et qui restera pure!
Toi, mon fils ! — Ne fais pas ce rêve ! — Je te jure...
— Mais voyons, réfléchis, toi qui penses beaucoup,
Toi qui trouves toujours le côté vrai de tout,
Je me prêterais donc à ce mystère horrible?
Il faudrait supposer... — Est-ce que c'est possible !
— Enfin, j'en suis bien sur, puisque je te le dis ! —
Otbert, mon bien-aimé, non, tu n es pas mon fils !

La Voix, dans l'ombre.
Régina ne peut plus attendre qu'un quart d'heure.

Otbert.
Régina !

Job.
Malheureux ! tu veux donc qu'elle meure?

Otbert.
Dieu puissant ! Aussi, moi, mon Dieu ! j'ai trop lutté!
Je me sens ivre et fou ! Dans ce lieu détesté,

Où les crimes anciens aux nouveaux se confrontent,

Les miasmes du meurtre à la tête me montent!
L'air qu'ici l'on respire est un air malfaisant.
Egaré.
Est-ce que ce vieux mur veut boire encor du sang?

Job, lui remettant le couteau dans la main.
Oui !

Otbert.
Ne me poussez pas !

Job.
Viens!

Otbert.
Je glisse dans