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Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome IV.djvu/126

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Car les blancs séraphins, penchés au puits de soufre,

Raillent le monstrueux avortement du gouffre;

Car votre hurlement de haine arrive au jour,

Bégaie, et, stupéfait, s'achève en chant d'amour!

Oh! comme j'ai souffert de vous voir dans les chambres

De torture, criant, pleurant, tordant vos membres,

Maniés par l'étau d'airain, par le fer chaud!

Vous voilà délivrés! partez! Fuyez là-haut!

Entrez au paradis!

Il se penche et semble regarder sous terre.

Non, tu n'auras plus d'âmes!

Il se redresse.

Dieu nous donne l'appui que nous lui demandâmes

Et l'homme est hors du gouffre. Allez, allez, allez!

A travers l'ombre ardente et les grands feux ailés,

L'évanouissement de la fumée emporte

Là-haut l'esprit vivant sauvé de la chair morte!

Tout le vieux crime humain de l'homme est arraché;

L'un avait son erreur, l'autre avait son péché,

Faute ou vice, chaque âme avait son monstre en elle

Qui rongeait sa lumière et qui mordait son aile;

L'ange expirait en proie au démon. Maintenant

Tout brûle, et le partage auguste et rayonnant

Se fait devant Jésus dans la clarté des tombes.

Dragons, tombez en cendre; envolez-vous, colombes!

Vous que l'enfer tenait, liberté! liberté!

Montez de l'ombre au jour. Changez d'éternité!







ACTE V