Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome IV.djvu/137

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Il nous la rend. Espère! Ah! j'ai l'âme ravie,

Je suis comme ivre.

Il l'attire à lui.

Viens! viens! respirons enfin!

Oh! cette ombre que fait l'aile du séraphin,

Je la sens sur nos fronts après tant de désastres.

Une main est ouverte entre nous et les astres.

Dona Rose


Oui, c'est la main de Dieu qui nous protège.

Don Sanche


Oh! dis, Entends-tu s'approcher des voix du paradis?

Lui montrant le parc et les massifs d'arbres.

Toute cette nature est comme un bruit de lyre.

Dona Rose


Ah! quand on se revoit, tout ce qu'on veut se dire

Vous arrive à la fois aux lèvres, le passé,

Le présent, ce qu'on a souffert, voulu, pensé,

Tant de nuits sans sommeil, Dieu, sa miséricorde,

Les hommes, si méchants... Enfin l'âme déborde,

On dit: Je t'aime! alors on voit qu'on a tout dit.

Ami, j'ai bien pleuré! Quand l'espoir se perdit,

Quand je me-vis au fond de ce cloître emmenée,

Oh! quand je vis le fil de notre destinée

Se rompre, et nos deux coeurs l'un de l'autre arrachés,

Et les projets du roi vaguement ébauchés,

Horreur! je me sentis tendre, invincible, forte,

Fière, et j'ai souhaité bien des fois être morte.

Un vague clair de lune commence à se mêler aux perspectives obscures de l'horizon.

Don Sanche


Et moi, si tu savais! Mais, Rose, oublions tout.

Le cœur seul est vivant, l'amour seul est debout.

Tout le reste s'écroule et meurt. Nous allons être,

Oui! mariés, sauvés! Moi, je crois en ce prêtre.