Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome IV.djvu/87

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suis bien aise De causer avec toi.

Il lui montre le vieux siège de fer.

Qu'est-ce que cette chaise?

Et pourquoi cette épée au-dessus?

Le Marquis


Roi, ceci

Est le trône où jadis votre aïeul don Garci

S'asseyait, et le glaive est au plus haut du dôme

Comme attribut du roi.

Le Roi


Certes, dans ce royaume,

Je suis celui de qui vient la vie et la mort.

Gucho


, au roi.

Vous êtes deux.

Depuis quelques Instants un cortège vient de déboucher par la porte de droite dans la cour carrez, se dirigeant vers la porte de gauche. Ce sont deux files de pénitents, l'une noire, l'autre blanche. Elles marchent parallèlement, à pas lents, cagoules rabattues. Les pénitents blancs ont la cagoule noire, les pénitents noirs ont la cagoule blanche. Les cagoules ont des trous pour les yeux. En tète des deux files, un pénitent noir a cagoule noire porte une haute bannière noire, sur laquelle on voit une tête de mort au-dessus de deux os en croix. La tête de mort est blanche ainsi que les deux os en croix. Le cortège traverse le fond du théâtre à pas lents et en silence. -Gucho montre au roi la bannière.

Le Roi


, à Gucho.

C'est vrai! Ce moine abject!

Gucho


D'accord. Abject, mais grand.

Devant Torquemada, tout tremble. Même vous.

Le Marquis


Quand on voit cette bannière, il semble

Qu'on sent la chair fumante et l'odeur du bûcher.

Le Roi


 Où ces hommes masqués vont-ils ?

Gucho