Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome IV.djvu/90

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Tout marche-t-il à ton gré En politique?

Toi, si profond en intrigue,

Que vois-tu de solide en Europe?

Le Marquis


Une digue.

Cette digue, c'est vous. Vous seul, vous restez droit.

Tout s'abaisse devant la France qui s'accroît;

Seigneur, par un seul point vous êtes vulnérable,

La Navarre; frontière ouverte. L'admirable,

C'est que, bien avant nous, vous avez vu le mal

Et trouvé le remède, et pris au cardinal,

A ce vieux roitelet d'Orthez, l'infant don Sanche,

Et de votre côté la balance enfin penche.

La puissance est en vous, Sanche a le droit en lui.

Vous êtes le colosse, il est le point d'appui.

Vous l'avez, comme l'aigle a l'aiglon dans sa serre.

Le seul homme ici-bas qui vous soit nécessaire,

C'est lui. Tant qu'il vivra, la France est en échec.

Le Roi


 Nécessaire! lui seul m'est nécessaire?

Le Marquis


Avec L'infante Dona Rose.

Le Roi


Et tu dis qu'il m'importe Que Sanche vive?

Le Marquis


Certe!

Le Roi


Eh bien, quand cette porte

Va s'ouvrir tout à l'heure, on va le tuer là.

Mouvement de stupeur terrifiée du