Le coup de griffe après la patte de velours.
Je vois sous vos douceurs votre haine qui grince.
Il ne me convient pas de vous divertir, prince,
Et d’être la souris quand vous êtes le chat.
Vite un ordre viendrait pour qu’on me raccrochât.
Allez au diable !
Il est fort difficile à vivre.
On me pend, laissez-moi tranquille.
Est-il donc ivre ?
Qu’on le pende ! Il est trop insolent.
Le même nœud coulant me serrerait le cou.
Mais me voilà tombé dans un fort joli gouffre !
Cet homme est sur mes reins la chemise de soufre.
Je ne puis l’arracher sans m’arracher la peau.
Que dis-je ? Il est la chair, et je suis l’oripeau.
Cette fange est ma glu. Ce maraud, quoi qu’on fasse,
Est le fond de mon sort, et j’en suis la surface ;
Nous sommes, moi le prince et lui ce philistin,
On ne sait quel centaure infâme du destin.
Je suis roi, j’ai l’épée, et le sceptre, et la robe ;
Ce gueux traîne à son pied son boulet, et mon globe.
Comment nous dépêtrer l’un de l’autre ? Il est roi,
Je suis esclave. Horreur ! je cesse d’être moi,
Je deviens lui. S’il a la jaunisse, le jaune,
C’est moi. Dans son gibet, je reconnais mon trône.
Je descends au cercueil s’il monte à l’échafaud.
Et le perdre de vue est impossible ; il faut
Le garder, être là s’il fait quelque imprudence,
Le ramasser s’il tombe, et l’éponger s’il danse,
Et l’étayer s’il boit, et, de rage étouffant,