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MANGERONT-ILS ?
AÏROLO, considérant la plante avec complaisance.
Produit cela.
Le roi veut la lui prendre.
LE ROI.
Je suis très curieux de cette botanique.
AÏROLO, touchant de ses lèvres la plante.
Un coup de dent, c’est fait.
LE ROI, tâchant de la saisir.
Hé ! donne.
Aïrolo ne lui laisse pas prendre le brin d’herbe et le respire
avec une sorte d’ivresse.
avec une sorte d’ivresse.
Il tire sur le fil qui nous suspend tous deux !
Il joue avec la mort ! La sienne, c’est la mienne !
AÏROLO.
Notre âme est, monseigneur, une bohémienne,
Une coureuse. Elle a le goût du changement.
L’autre monde est-il beau, laid, gai, méchant, aimant ?
Je ne le connais pas ; aussi je le préfère.
J’ai de ce globe assez, et veux une autre sphère.
Ici j’ai froid l’hiver, et l’été j’ai trop chaud.
Je voudrais permuter avec un de là-haut.
Je désire goûter le foin d’une autre étable,
Aller voir si c’est grand et si c’est véritable,
Et j’ai la vague soif du ciel mystérieux.
Il continue d’aspirer amoureusement la plante.
LE ROI, à part.
Que vais-je devenir avec ce furieux ?
AÏROLO, souriant.
L’autre vie est pour moi comme une aube confuse…