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Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome V.djvu/182

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THÉÂTRE EN LIBERTÉ.
Il ramasse la corde à terre. Aïrolo l’observe. Le roi rêve.

Le tabouret ! — C’est trop ! faisons-le pendre ! Oui !

Il laisse retomber la corde.

Le tabouret ! — C’est trop ! faisons-le pendre ! Oui ! Non !

Sourire d’Aïrolo.

Qui me décollera de ce vil compagnon ?

À Aïrolo, riant avec rage et faisant le geste d’en prendre son parti.

Prends place à mes côtés à ma table ! Autant rire.
Je t’invite.

AÏROLO, se levant et saluant le roi.

Je t’invite. Pardon. J’ai mes invités, sire.

LE ROI.

Ses invités !

AÏROLO, frappant du pied trois coups sur l’estrade.
Au peuple.

Ses invités ! Bourgeois, je frappe les trois coups.
Ouvrez l’énormité de vos oreilles tous.
Manants, et vous, soldats, chers assassins, silence !
Je parle au nom du roi. Je lui fais violence
En répandant le jour, du haut de ce buffet,
Sur le tas d’actions excellentes qu’il fait.
Aujourd’hui la vertu qu’il montre est belle, immense,
Neuve, et n’a pas encor servi ; c’est la clémence.
Ce bon roi nous gardait cette surprise. Il veut
L’amnistie. Ainsi luit le soleil quand il pleut.
Il m’a sauvé. Je suis en tête de sa liste.
Et cependant, étant fort spiritualiste,
Ça dérangeait mes plans de remordre au pain noir
De l’homme, et je voulais souper chez Dieu ce soir.
Mais bah ! Vivons. Ayons les pieds chauds, l’esprit libre,
Le cœur tendre ; il fait beau, l’eau frissonne, l’air vibre,
Le bois chante, le ciel dans les feuillages verts
Brille. Et sur ce, laquais, ajoutez deux couverts.

Les laquais apportent deux chaises près du fauteuil.
LE ROI.

Que signifie ?