SUR LA LISIÈRE D’UN BOIS
SCÈNE PREMIÈRE.
Ô charme tout-puissant de la pudeur farouche !
Ma bouche ne doit pas même effleurer ta bouche ;
Ta robe est le rideau du temple, et je ne veux
D’aucun souffle approchant trop près de tes cheveux ;
Tiens ton voile baissé, Léa. Je te respecte.
Ne crains rien de moi.
Phrase absolument suspecte.
Cache ta beauté, viens, et si je m’échappais
Jusqu’à regarder, fais le voile plus épais.
Tout ce que ton fichu couvre, je le devine ;
Mais, va, je n’oserais toucher ta chair divine,
Comme on n’ose toucher l’aile d’un papillon.
Tu laisses dans mon ombre un lumineux sillon ;
Tu sembles une rose ouverte dans des flammes ;
Envolons-nous ; mêlons les ailes de nos âmes ;
Soyons un couple honnête et céleste, et si pur
Qu’on ne nous puisse plus distinguer de l’azur.
Restons dans l’idéal. Je t’adore.