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Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome V.djvu/242

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THÉÂTRE EN LIBERTÉ.


X

GROBUCHE. — BAUGRAILLON.
La Cour des Miracles.
Grobuche et Baugraillon, tous deux vieux et en loques, hideux.
Au fond grouillent des vieilles femmes.


GROBUCHE.

Ah ça, tu fais chez nous le bel indifférent.
Tu parais mépriser tout ! c’est désagréable.
Ton cœur est-il donc fait d’étoffe imperméable ?
Nous sommes ici tous amoureux de quelqu’un.
Phlipote est un rayon, Thomasse est un parfum,
Glaure a les beaux yeux ronds d’un hibou dans un arbre,
La Gameublême est jeune encor dans son vieux marbre.
Bourdalouse a gardé dans notre paradis
Quatre dents de son frais sourire de jadis.
Vaugirarde n’est pas sans un reste de gloire,
Sa quenotte était blanche et sa crinière noire,
Aujourd’hui, pur chassez-croisez, effet des ans,
Les dents sont noires, soit, mais ses cheveux sont blancs ;
Daigne considérer les rondeurs de Javotte ;
La Gorue était ange et n’est plus que dévote,
Mais voleuse ; contemple Ogremouche !

BAUGRAILLON.

Mais voleuse ; contemple Ogremouche ! Merci.

GROBUCHE.

Quoi donc ! rien ne te plaît dans le sexe d’ici !
Tu semblés dédaigner nos femmes. Tu nous blesses.
Sois amoureux.