Bel esprit à Potsdam, à Versailles bel homme !
Je n’aurais jamais cru que mon fils émigrât.
Taudis abject ! trop bon encor pour cet ingrat !
Au fait, puisqu’on le chasse, il faut bien qu’il s’exile.
Mais pourquoi se fait-il chasser, cet imbécile ?
Monsieur est philosophe. Il fronde les abus.
Il éclate de rire au nez des rois fourbus.
Il veut penser, lui prince ! il veut jouer un rôle.
On le jette à la porte. On fait bien. Va-t’en, drôle !
Mais est-ce une raison pour se mésallier !
Je comprends qu’il se fasse, ainsi qu’un écolier,
Bannir pour un fatras d’opinions diverses,
Bonnes aux gens de rien, et chez les rois perverses ;
Progrès, raison, devoirs, droits, est-ce que je sais !
Mais que, flanqué dehors, il n’en ait point assez !
Mais que des algonquins il se fasse copiste,
Qu’il vive en de tels trous qu’on perd dix ans sa piste,
Qu’il vienne se cacher au désert comme un loup,
Qu’il ose, ensorcelé par une rien du tout,
L’épouser, comme si l’on épousait ! qu’il aille
Faire des tas d’enfants dans les bois ! qu’il travaille
Pour vivre ! qu’il fréquente un endroit où l’on vend !
Qu’il se connaisse en herbe, en foin ! qu’il soit savant !
C’est lâche ! c’est affreux ! je voudrais être morte.
Alcade, comprends-tu ? que le diable t’emporte !
Je…
À force de marcher dans sa chambre en songeant,
Avec tout le vieux sang qui vous bout dans les veines
On finit par s’emplir l’esprit de choses vaines,
Et par savoir par cœur les fleurs de son tapis.
Qu’est-ce que je disais ?
— Quant à la femme, elle est ce qu’elle est. Je devine
Que la vilaine est jeune, adorable, divine,
Qu’elle a charmé mon fils sans penser au profit,