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Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome V.djvu/43

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LA GRAND’MÈRE.



SCÈNE IV.


CHARLES, seul.

L’empereur aurait-il découvert mon asile ?
J’ai vu des gens armés rôder dans les taillis.
On ne me prendrait pas vivant ! — Tous ces baillis
Sont autant d’espions.

LA VOIX D’EMMA GEMMA, dans la maison.

Sont autant d’espions. Charle !

CHARLES, haut.

Sont autant d’espions. Charle ! Oui !

Sont autant d’espions. Charle ! Oui ! À lui-même.

Sont autant d’espions. Charle ! Oui ! Je suis mon maître.
La vie est un cachot dont j’ouvre la fenêtre,
Et je m’évade. — Chose étrange qu’au milieu
De l’amour, des baisers, des parfums, du ciel bleu,
Une sinistre idée obscurément vous ronge,
Et que la mort, serpent, rampe au fond de ce songe !

Il tire de sa poche un pistolet et le pose sur le banc de gazon.

Non ! cela ne se peut, je me serai trompé.
J’ai l’esprit d’alguazils et de sbires frappé.
— Pourtant, précaution.

Il prend dans le tiroir de la table une poire à poudre.

— Pourtant, précaution. — J’ai l’âme à la torture.
S’ils étaient sur ma trace ! Oh ! la sombre aventure !
Femme ! enfants !

Les enfants rient dehors.
LA VOIX D’EMMA GEMMA.

Femme ! enfants ! Entends-tu tout ça rire aux éclats ?

CHARLES, haut.

Oui ! — Ma mère que j’aime est contre nous, hélas !