Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome VI.djvu/282

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ACTE DEUXIÈME.

QUAI DES ORMES.




PERSONNAGES.


GLAPIEU.

EDGAR MARC.

CYPRIENNE.

M. DE PONTRESME.

M, BARUTIN.

LE VICOMTE DE LÉAUMONT.

Un Inspecteur de police.

Un Afficheur.

Un Fripier-costumier.

Masques, Dominos.


Une petite place voisine de la Seine sur l’ancien quai des Ormes. A droite et à gauche maisons. Au delà des maisons, le quai bordé d’un parapet. Au delà du parapet, obscurité. La rivière coule là. Il neige. Le pavé de la place, les toits, le plat bord du parapet sont blancs dans les ténèbres. Bruit de danses et de musique. — Le théâtre est divisé en deux compartiments. Le compartiment de gauche, très peu spacieux, est l’intérieur d’une boutique de fripier-costumier. Une table, des chaises tout autour, miroirs çà et là, costumes de toutes sortes pendus au mur à des clous, y compris des habits de ville. Au fond de la boutique, une petite porte correspondant avec le logis du marchand-loueur de costumes et avec les dépendances du magasin. Quinquet au plafond. Le compartiment est fermé à droite sur la place par une devanture vitrée surmontée d’un auvent sur lequel la neige tombe et s’épaissit. Au-dessous de l’auvent, une enseigne de forme ancienne où on lit :

GANTRIVIER.
LOUE DES COSTUMES.

Le reste du décor est la place. A droite une façade ; rez-de-chaussée et premier étage, percés de fenêtres longues, hautes, très éclairées. Cette façade se perd à droite derrière le manteau d’Arlequin en pan coupé. Ce pan coupé offre deux fenêtres par lesquelles on voit la salle d’en bas et la salle d’en haut pleines de lumière. Le rez-de-chaussée communique avec la place par une porte avec perron de deux marches au-dessus de laquelle est accroché à une potence de fer fixée à l’angle même du pan coupé un grand réverbère colorié, en verres transparents. On lit sur un compartiment blanc de cette verrerie lumineuse :

BAL DES NEUF MUSES
DIT
L’ANCIEN TRIPOT SAUVAGE.

Le quai et le parapet, parallèles au spectateur, achèvent la place. Les passants débouchent du quai dans la place tantôt par la droite, de derrière l’angle du Bal des Neuf Muses, tantôt parla gauche, de derrière l’angle du magasin de costumes. Au fond, rien, la nuit. — Sur les vitres du premier étage du Bal des Neuf Muses, passent et repassent des ombres dansantes. Par la fenêtre du rez-de-chaussée on voit dans la salle basse des pontes des deux sexes, quelques-uns en costumes de carnaval, assis autour d’une grande table de jeu. — La place et le quai sont solitaires. Pourtant il y passe de temps en temps, soit un groupe de masques, soit un agent de police en observation. Masques, hommes et femmes, au Bal des Neuf Muses. Les uns entrent, les autres sortent. — Au lever du rideau, un jeune homme, M. de Pontresme, est dans la boutique du fripier, occupé à se costumer en chevalier abricot, style pendule. Le costumier l’aide. Un autre jeune homme à moustaches, est attablé à un petit luncheon dans un coin de la boutique et boit et mange. Il est déguisé en nourrice cauchoise avec une grosse gorge et un grand bonnet. — Dehors Glapieu est adossé au parapet. Il neige sur lui. Il s’avance à pas lents en regardant à droite et à gauche.