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ACTE III, SCENE I. 313

C’est là une outrance odieuse. Mettez-y un terme. Je vous en charge. Vous me ferez un rapport sur ces saisies j vous me direz les noms et les détails. Je m’en repose sur votre tact et sur votre science des affaires. Je compte sur vous pour être renseigne et conseillé. Il faut être sévère aux vicieux, mais pitoyable aux malheureux. Brutaliser ceux qui souffrent, est-il rien de plus révoltant ! Et cela en mon nom ! Je sais qu’une banque ne fait pas de sentiment 5 mais qu’on laisse en paix les misérables ! ROUSSELINE.

Je suis heureux que monsieur le baron vienne au devant de ma pensée, je voulais justement appeler son attention sur cet abus. Quant à moi, — puisque monsieur le baron m’en parle, — je fais ce que je peux, je ne suis rien, mais voici ce que je fais. Je saisis les occasions quand elles se présentent. Monsieur le baron, il existe quelque part, dans un trou de Paris, un vieux maître de musique appelé Zucchimo, — ce sont là les infiniment petits, que monsieur le baron ne peut pas connaître. — Ce bonhomme n’a pas le sou, et il a des dettes. Vous savez, ces organisations musicales ! Il a une femme, une fille, c’est une détresse profonde. Une traite signée de lui a passé par la caisse de monsieur le baron, et a été protestée, et il y a eu saisie.

En mon nom.^^

Je crois que oui.

LE BARON DE PUENCARRAL.

ROUSSELINE.

LE BARON DE PUENCARRAL.

Et les meubles à l’encan ! et cette famille dépossédée, chassée peut-être de son logis, perdue !

ROUSSELINE.

Pas précisément. Il s’est trouvé là un jeune homme que l’huissier ne connaît pas, un élève du vieux musicien, à ce qu’il paraît, quelque étranger riche, qui a payé.

LE BARON DE PUENCARRAL.

Voilà un digne jeune homme ! Et la famille est sauvée ! ROUSSELINE.

Pas précisément. Payer, ce n’était rien. Le coup était porté. La vue de l’huissier et des recors avait bouleversé le vieillard. Ébranlement au cerveau, délire, il est tombé malade. J’ai su la chose. Je me suis dit : il y a une