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V

SÉANCE DES CINQ ASSOCIATIONS

D’ART ET D’INDUSTRIE
29 mai 1848.

M. Victor Hugo. — Il y a un mois, j’avais cru devoir, par respect pour l’initiative électorale, m’abstenir de toute candidature personnelle ; mais en même temps, vous vous le rappelez, j’ai déclaré que, le jour où le danger apparaîtrait sur l’assemblée nationale, je me présenterais. Le danger s’est montré, je me présente. (On applaudit.)

Il y a un mois, l’un de vous me fit cette question que j’acceptai avec douleur : — S’il arrivait que des insensés osassent violer l’assemblée nationale, que pensez-vous qu’il faudrait faire ? J’acceptai, je le répète, la question avec douleur, et je répondis sans hésiter, sur-le-champ : Il faudrait se lever tous comme un seul homme, et-ce furent mes propres paroles — écraser l’insolence des dictatures sous la souveraineté de la nation.

Ce que je demandais il y a un mois, trois cent mille citoyens armés l’ont fait il y a quinze jours.

Avant cet événement, qui est un attentat et qui est une catastrophe, s’offrir à la candidature, ce n’était qu’un droit, et l’on peut toujours s’abstenir d’un droit. Aujourd’hui c’est un devoir, et l’on n’abdique pas le devoir. Abdiquer le devoir, c’est déserter. Vous le voyez, je ne déserte pas. (Adhésion.)