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AVANT L’EXIL. — RÉUNIONS ÉLECTORALES.

Je ne permettrai pas qu’en votre nom on fasse des actions honteuses. Je flétrirai les actes et je démasquerai les hommes. (Bravo !) Non, je n’attaquerai jamais les personnes d’aucun parti malheureux ! Je n’attaquerai jamais les vaincus ! J’ai l’habitude de traiter les questions par l’amour et non par la haine. (Sensation.) J’ai l’instinct de chercher le côté noble, doux et conciliant, et non le côté irritant des choses. Je n’ai jamais manqué à cette habitude de ma vie entière, je n’y manquerai pas aujourd’hui. Et pourquoi y manquerais-je ? dans quel but ? Dans un but de candidature ! Est-ce que vous croyez que j’ai l’ambition d’être député à l’assemblée nationale ? J’ai l’ambition du pompier qui voit une maison qui brûle, et qui dit : Donnez-moi un seau d’eau ! (Bravo ! bravo !)

M. Aubry. — Ce que mes amis demandent, c’est précisément de voir stigmatiser ces mêmes individus qui ont voté la loi de proscription, dont nous ne voulons pas. S’ils ont proscrit la famille de Louis-Philippe, c’est qu’ils craignent de la voir revenir, eux qui lui doivent tout, et qui se sont montrés si ingrats. Ces hommes devraient être marqués d’un fer rouge à l’épaule. Nous n’en voulons pas, parce qu’ils ont un système ténébreux. Ils en ont donné la preuve en votant cette loi.

M. Victor Hugo. — Je ferai ce que j’ai fait, toujours fait, je resterai indépendant, dussé-je rester isolé. Je ne suis rien qu’un esprit pensif, solitaire et sérieux. L’homme qui aime la solitude ne craint pas l’isolement.

Je suis résolu à toujours agir selon cette lumière qui est dans mon âme, et qui me montre le juste et le vrai. Soyez tranquilles, je ne serai jamais ni dupe ni complice des folies d’aucun parti. J’ai bien assez, nous avons tous bien assez des fautes personnelles qui tiennent à notre humanité, sans prendre encore le fardeau et la responsabilité des fautes d’autrui. Ce que je sais de pire au monde, c’est la faute en commun. Vous me verrez me jeter sans le moindre calcul tantôt au-devant des nouveaux partis qui veulent refaire un mauvais passé, tantôt au-devant des vieux partis qui veulent, eux aussi, refaire un passé pire encore ! (Émotion et adhésion.)

Je ne veux pas plus d’une politique qui a abaissé la