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I

ATELIERS NATIONAUX[1]

20 juin 1848.
Messieurs,

Je ne monte pas à cette tribune pour ajouter de la passion aux débats qui vous agitent, ni de l’amertume aux contestations qui vous divisent. Dans un moment où tout est difficulté, où tout peut être danger, je rougirais d’apporter volontairement des embarras au gouvernement de mon pays. Nous assistons à une solennelle et décisive expérience ; j’aurais honte de moi s’il pouvait entrer dans ma pensée de troubler par des chicanes, dans l’heure si difficile de son établissement, cette majestueuse forme sociale, la république, que nos pères ont vue grande et terrible dans le passé, et que nous voulons tous voir grande et bienfaisante dans l’avenir. Je tâcherai donc, dans le peu que j’ai à dire à propos des ateliers nationaux, de ne point perdre de vue cette vérité, qu’à l’époque délicate

  1. Ce discours fut prononcé quatre jours avant la fatale insurrection du 24 juin. Il ouvrit la discussion sur le décret suivant, qui fut adopté par l’assemblée.
      Art. 1. L’allocation de 3 millions demandée par M. le Ministre des travaux publics pour les ateliers nationaux lui est accordée d’urgence.
      Art. 2. Chaque allocation nouvelle affectée au même emploi ne pourra excéder le chiffre de un million.
      Art. 3. Les pouvoirs de la commission chargée de l’examen du présent décret sont continués jusqu’à ce qu’il en soit autrement ordonné par l’assemblée.