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LE DROIT ET LA LOI.

On n’engloutit pas Dieu.

La persistance du droit contre l’obstination de la loi ; toute l’agitation sociale vient de là.

Le hasard a voulu (mais le hasard existe-t-il ?) que les premières paroles politiques de quelque retentissement prononcées à titre officiel par celui qui écrit ces lignes, aient été d’abord, à l’institut, pour le droit, ensuite, à la chambre des pairs, contre la loi.

Le 2 juin 1841, en prenant séance à l’académie française, il glorifia la résistance à l’empire ; le 12 juin 1847, il demanda à la chambre des pairs[1] la rentrée en France de la famille Bonaparte, bannie.

Ainsi, dans le premier cas, il plaidait pour la liberté, c’est-à-dire pour le droit ; et, dans le second cas, il élevait la voix contre la proscription, c’est-à-dire contre la loi.

Dès cette époque une des formules de sa vie publique a été : Pro jure contra legem.

Sa conscience lui a imposé, dans ses fonctions de législateur, une confrontation permanente et perpétuelle de la loi que les hommes font avec le droit qui fait les hommes.

Obéir à sa conscience est sa règle ; règle qui n’admet pas d’exception.

La fidélité à cette règle, c’est là, il l’affirme, ce qu’on trouvera dans ces trois volumes, Avant l’exil, Pendant l’exil, Depuis l’exil.


III


Pour lui, il le déclare, car tout esprit doit loyalement indiquer son point de départ, la plus haute expression du droit, c’est la liberté.

La formule républicaine a su admirablement ce qu’elle disait et ce qu’elle faisait ; la gradation de l’axiome social est irréprochable. Liberté, Égalité, Fraternité. Rien à

  1. Et obtint. Voir page 113 de Avant l’exil.