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SECOURS AUX TRANSPORTÉS

ment ! Au premier rang de ceux qu’on a vus grandir par le courage qu’ils ont déployé sous la grêle des balles dans les tristes journées de juin, par la fermeté conciliante qu’ils ont apportée à la tribune, et enfin par l’élan d’une fraternité sincère telle que nous la concevons, telle que nous la ressentons, nous aimons à signaler un de nos illustres amis, Victor Hugo, devant lequel plus d’une barricade s’est abaissée, et que la liberté de la presse a trouvé debout à la tribune au jour des interpellations adressées à M. le général Cavaignac.

« M. Victor Hugo vient encore de prendre une noble initiative dont nous ne saurions trop le féliciter. Il s’agit de visiter les détenus de juin. Cette proposition a motivé la réunion spontanée d’un certain nombre de représentants dans l’un des bureaux de l’assemblée nationale ; nous en empruntons les détails au journal l’Événement.

« La réunion se composait déjà de MM. Victor Hugo, Lagrange, l’évêque de Langres, Montalembert, David (d’Angers), Galy-Gazalat, Félix Pyat, Edgar Quinet, La Rochejaquelein, Demesmay, Mauvais, de Vogüé, Crémieux, de Falloux, Xavier Durrieu, Considérant, le général Laydet, Vivien, Portalis, Chollet, Jules Favre, Wolowski, Babaud-Laribière, Antony Thouret.

« M. Victor Hugo a exposé l’objet de la réunion. Il a dit :

« Qu’au milieu des réunions qui se sont produites au sein de l’assemblée, et qui s’occupent toutes avec un zèle louable, et selon leur opinion consciencieuse, des grands intérêts politiques du pays, il serait utile qu’une réunion se formât qui n’eût aucune couleur politique, qui résumât toute sa pensée dans le seul mot fraternité, et qui eût pour but unique l’apaisement des haines et le soulagement des misères nées de la guerre civile.

« Cette réunion se composerait d’hommes de toutes les nuances, qui oublieraient, en y entrant, à quel parti ils appartiennent, pour ne se souvenir que des souffrances du peuple et des plaies de la France. Elle aurait, sans le vouloir et sans le chercher, un but politique de l’ordre le plus élevé ; car soulager les malheurs de la guerre civile dans le présent, c’est éteindre les fureurs de la guerre civile dans l’avenir. L’assemblée nationale est animée des intentions les plus patriotiques ; elle veut punir les vrais coupables et amender les égarés, mais elle ne veut rien au delà de la sévérité strictement nécessaire, et, certainement, à côté de sa sévérité, elle cherchera toujours les occasions de faire sentir sa paternité. La réunion projetée provoquerait, selon les faits connus et les besoins qui se manifesteraient, la bonne volonté généreuse de l’assemblée.

« Cette réunion ne se compose encore que de membres qui se