CONSEIL D’ÉTAT
En 1849, la commission du conseil d’état, formée pour préparer la loi sur les théâtres, fit appel à l’expérience des personnes que leurs études ou leur profession intéressent particulièrement à la prospérité et à la dignité de l’art théâtral. Six séances furent consacrées à entendre trente et une personnes, parmi lesquelles onze auteurs dramatiques ou compositeurs, trois critiques, sept directeurs, huit comédiens. M. Victor Hugo fut entendu dans les deux séances du 17 et du 30 septembre. Nous donnons ici ces deux séances recueillies par la sténographie et publiées par les soins du conseil d’état.
M. Victor Hugo. — Mon opinion sur la matière qui se discute maintenant
devant la commission est ancienne et connue ; je l’ai même en partie
publiée. J’y persiste plus que jamais. Le temps où elle prévaudra
n’est pas encore venu. Cependant, comme, dans ma conviction profonde,
le principe de la liberté doit finir par triompher sur tous les
points, j’attache de l’importance à la manière sérieuse dont la
commission du conseil d’état étudie les questions qui lui sont
soumises ; ce travail préparatoire est utile, et je m’y associe
volontiers. Je ne laisserai échapper, pour ma part, aucune occasion de
semer des germes de liberté. Faisons notre devoir, qui est de semer
les idées ; le temps fera le sien, qui est de les féconder.
Je commencerai par dire à la commission que, dans la question des théâtres, question très grande et très sérieuse, il n’y a que deux intérêts qui me préoccupent. À la vérité, ils embrassent tout. L’un est le progrès de l’art, l’autre est l’amélioration du peuple.