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II

L’EXPÉDITION DE ROME[1]

13 octobre 1849

M. Victor Hugo. (Profond silence.) — Messieurs, j’entre tout de suite dans la question.

Une parole de M. le ministre des affaires étrangères qui interprétait hier, en dehors de la réalité, selon moi, le vote de l’assemblée constituante, m’impose le devoir, à moi qui ai voté l’expédition romaine, de rétablir d’abord les faits. Aucune ombre ne doit être laissée par nous, volontairement du moins, sur ce vote qui a entraîné et qui entraînera encore tant d’événements. Il importe d’ailleurs, dans une affaire aussi grave, et je pense en cela comme l’honorable rapporteur de la commission, de bien préciser

  1. Le triste épisode de l’expédition contre Rome est trop connu pour qu’il soit nécessaire de donner un long sommaire à ce discours. Tout le monde se rappelle que l’assemblée constituante avait voté un crédit de 1 200 000 francs pour les premières dépenses d’un corps expéditionnaire en destination de l’Italie, sur la déclaration expresse du pouvoir exécutif que cette force devait protéger la péninsule contre les envahissements de l’Autriche. On se rappelle aussi qu’en apprenant l’attaque de Rome par les troupes françaises sous les ordres du général Oudinot, l’assemblée constituante vota un ordre du jour qui prescrivait au pouvoir exécutif de ramener à sa pensée primitive l’expédition détournée de son but.

    Dès que l’assemblée législative, dont la majorité était sympathique à la destruction de la république romaine, fut réunie, ordre fut donné au général Oudinot d’attaquer Rome et de l’enlever coûte que coûte. — La ville fut prise, et le pape restauré.

    Le président de la République française écrivit à son aide de camp