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AVANT L’EXIL. — ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE

Voilà, messieurs, la situation que le gouvernement clérical s’est faite et nous a faite.

Vraiment ! est-ce que vous n’avez pas le droit d’intervenir, et d’intervenir énergiquement, encore un coup, dans une situation qui est la vôtre après tout ? Vous voyez que le moyen employé par le saint-siége pour terminer les révolutions est mauvais ; prenez-en un meilleur, prenez le seul bon, je viens de vous l’indiquer. C’est à vous de voir si vous êtes d’humeur et si vous vous sentez de force à avoir hors de chez vous, indéfiniment, un état de siège sur les bras ! C’est à vous de voir s’il vous convient que la France soit au Capitole pour y recevoir la consigne du parti prêtre !

Quant à moi, je ne le veux pas, je ne veux ni de cette humiliation pour nos soldats, ni de cette ruine pour nos finances, ni de cet abaissement pour notre politique. (Sensation.)

Messieurs, deux systèmes sont en présence : le système des concessions sages, qui vous permet de quitter Rome ; le système de compression, qui vous condamne à y rester. Lequel préférez-vous ?

Un dernier mot, messieurs. Songez-y, l’expédition de Rome, irréprochable à son point de départ, je crois l’avoir démontré, peut devenir coupable par le résultat. Vous n’avez qu’une manière de prouver que la constitution n’est pas violée, c’est de maintenir la liberté du peuple romain. (Mouvement prolongé.)

Et, sur ce mot liberté, pas d’équivoque. Nous devons laisser dans Rome, en nous retirant, non pas telle ou telle quantité de franchises municipales, c’est-à-dire ce que presque toutes les villes d’Italie avaient au moyen âge, le beau progrès vraiment ! (On rit. — Bravo !) mais la liberté vraie, la liberté sérieuse, la liberté propre au dix-neuvième siècle, la seule qui puisse être dignement garantie par ceux qui s’appellent le peuple français à ceux qui s’appellent le peuple romain, cette liberté qui grandit les peuples debout et qui relève les peuples tombés, c’est-à-dire la liberté politique. (Sensation.)

Et qu’on ne nous dise pas, en se bornant à des affirmations et sans donner de preuves, que ces transactions libérales,