II
SUR LA TOMBE DE LOUISE JULIEN
Trois cercueils en quatre mois.
La mort se hâte, et Dieu nous délivre un à un.
Nous ne t’accusons pas, nous te remercions, Dieu puissant qui nous rouvres, à nous exilés, les portes de la patrie éternelle !
Cette fois, l’être inanimé et cher que nous apportons à la tombe, c’est une femme.
Le 21 janvier dernier, une femme fut arrêtée chez elle par le sieur Boudrot, commissaire de police à Paris. Cette femme, jeune encore, elle avait trente-cinq ans, mais estropiée et infirme, fut envoyée à la préfecture et enfermée dans la cellule no 1, dite cellule d’essai. Cette cellule, sorte de cage de sept à huit pieds carrés à peu près, sans air et sans jour, la malheureuse prisonnière l’a peinte d’un mot ; elle l’appelle : cellule-tombeau ; elle dit, je cite ses propres paroles : « C’est dans cette cellule-tombeau, qu’estropiée, malade, j’ai passé vingt et un jours, collant mes lèvres d’heure en heure contre le treillage pour aspirer un peu d’air vital et ne pas mou-