Nous trouvons excellent, quant à nous, que le pape
Rie au nez de ce siècle inepte, écrase, frappe ;
Et, du moment qu’on veut lui prendre son argent,
Se fasse carrément recruteur et sergent,
Pousse à la guerre, et crie : à mort quiconque est libre !
Qu’il recommande au prône, un obus de calibre,
Qu’il dise, en achevant sa prière : égorgez !
Envoie aux combattants force fourgons chargés,
De la poudre, du plomb, du fer, et ravitaille
L’extermination sur les champs de bataille !
Qu’il aille donc ! qu’il aille, emportant son mandat,
Ce chevalier errant des peuples, ce soldat,
Ce paladin, ce preux de l’idéal ! qu’il parte.
Nous, les proscrits d’Athène, à ce proscrit de Sparte,
Ouvrons nos seuils ; qu’il soit notre hôte maintenant ;
Qu’en notre maison sombre il entre rayonnant.
Oui, viens, chacun de nous, frère à l’âme meurtrie,
Veut avec son exil te faire une patrie !
Viens, assieds-toi chez ceux qui n’ont plus de foyer.
Viens, toi qu’on a pu vaincre et qu’on n’a pu ployer !
Nous chercherons quel est le nom de l’espérance ;
Nous dirons : Italie ! et tu répondras : France !
Et nous regarderons, car le soir fait rêver,
En attendant les droits, les astres se lever.
L’amour du genre humain se double d’une haine
Égale au poids du joug, au froid noir de la chaîne,
Aux mensonges du prêtre, aux cruautés du roi.
Nous sommes rugissants et terribles. Pourquoi ?
Parce que nous aimons. Toutes ces humbles têtes,
Nous voulons les voir croître et nous sommes des bêtes
Dans l’antre, et nous avons les peuples pour petits.
Jetés au même écueil, mais non pas engloutis,
Frère, nous nous dirons tous les deux notre histoire ;
Tu me raconteras Palerme et ta victoire,