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PENDANT L’EXIL. — 1862.

Je fus fier, dans mon heure de danger, de me voir protégé par un rayon de votre flamme. Je ne pouvais mourir, puisque vous me défendiez.

Que n’ai-je eu la puissance de montrer que j’étais digne que votre bras s’étendît sur moi ! Mais chacun a sa destinée, et tous ceux qu’Achille a sauvés n’étaient pas des héros.

Vieux maintenant, je suis, depuis un an, dans un triste état de santé. J’ai cru souvent que mon cœur ou ma tête allait éclater. Mais je me félicite, malgré mes souffrances, d’avoir été conservé, puisque sous le coup de votre nouveau bienfait[1], je trouve l’audace de vous remercier de l’ancien.

Et puisque j’ai pris la parole, merci aussi, mille fois merci pour notre sainte cause et pour la France, du grand livre que vous venez de faire.

Je dis : la France, car il me semble que cette chère patrie de Jeanne d’Arc et de la Révolution était seule capable d’enfanter votre cœur et votre génie, et, fils heureux, vous avez posé sur le front glorieux de votre mère une nouvelle couronne de gloire !

À vous, de profonde affection.

A. Barbès.
La Haie, le 10 juillet 1862.
  1. Voir les Misérables, tome VII, livre I. Le mot bienfait est souligné dans la lettre de Barbès.