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Page:Hugo - Actes et paroles - volume 4.djvu/165

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I

LA CRÈTE

À M. VOLOUDAKI
président du gouvernement de la crète
Monsieur,

Votre lettre éloquente m’a vivement touché. Oui, vous avez raison de compter sur moi. Le peu que je suis et le peu que je puis appartient à votre noble cause. La cause de la Crète est celle de la Grèce, et la cause de la Grèce est celle de l’Europe. Ces enchaînements-là échappent aux rois et sont pourtant la grande logique. La diplomatie n’est autre chose que la ruse des princes contre la logique de Dieu. Mais, dans un temps donné, Dieu a raison.

Dieu et droit sont synonymes. Je ne suis qu’une voix, opiniâtre, mais perdue dans le tumulte triomphal des iniquités régnantes. Qu’importe ? écouté ou non, je ne me lasserai pas. Vous me dites que la Crète me demande ce que l’Espagne m’a demandé. Hélas ! je ne puis que pousser un cri. Pour la Crète, je l’ai fait déjà, je le ferai encore.

Puisque vous le croyez utile, l’Europe étant sourde, je me tournerai vers l’Amérique. Espérons de ce côté-là.

Je vous serre la main.

Victor Hugo.