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Page:Hugo - Actes et paroles - volume 4.djvu/167

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LA CRÈTE.

L’Europe recule, l’Amérique avance.

L’Europe refuse son rôle, l’Amérique le prend.

Abdication compensée par un avénement.

Une grande chose va se faire.

Cette république d’autrefois, la Grèce, sera soutenue et protégée par la république d’aujourd’hui, les États-Unis. Thrasybule appelle à son secours Washington. Rien de plus grand.

Washington entendra et viendra. Avant peu le libre pavillon américain, n’en doutons pas, flottera entre Gibraltar et les Dardanelles.

C’est le point du jour. L’avenir blanchit l’horizon. La fraternité des peuples s’ébauche. Solidarité sublime.

Ceci est l’arrivée du nouveau monde dans le vieux monde. Nous saluons cet avénement. Ce n’est pas seulement au secours de la Grèce que viendra l’Amérique, c’est au secours de l’Europe. L’Amérique sauvera la Grèce du démembrement et l’Europe de la honte.

Pour l’Amérique, c’est la sortie de la politique locale. C’est l’entrée dans la gloire.

Au dix-huitième siècle, la France a délivré l’Amérique ; au dix-neuvième siècle, l’Amérique va délivrer la Grèce. Remboursement magnifique.

Américains, vous étiez endettés envers nous de cette grande dette, la liberté ! Délivrez la Grèce, et nous vous donnons quittance. Payer à la Grèce, c’est payer à la France.

Victor Hugo.
Hauteville-House, 6 février 1869.