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CONGRÈS DE LA PAIX

Cette simplification, les trônes n’en veulent pas. De là les forêts de bayonnettes.

Les rois s’entendent sur un seul point, éterniser la guerre. On croit qu’ils se querellent ; pas du tout, ils s’entr’aident. Il faut, je le répète, que le soldat ait sa raison d’être. Éterniser l’armée, c’est éterniser le despotisme ; logique excellente, soit, et féroce. Les rois épuisent leur malade, le peuple, par le sang versé. Il y a une farouche fraternité des glaives d’où résulte l’asservissement des hommes.

Donc, allons au but, que j’ai appelé quelque part la résorption du soldat dans le citoyen. Le jour où cette reprise de possession aura eu lieu, le jour où le peuple n’aura plus hors lui l’homme de guerre, ce frère ennemi, le peuple se retrouvera un, entier, aimant, et la civilisation se nommera harmonie, et aura en elle, pour créer, d’un côté la richesse et de l’autre la lumière, cette force, le travail, et cette âme, la paix.

Victor Hugo


Des affaires de famille retenaient Victor Hugo à Bruxelles. Cependant, sur la vive insistance du Congrès, il se décida à aller à Lausanne.

Le 14 septembre, il ouvrit le Congrès. Voici ses paroles :

Les mots me manquent pour dire à quel point je suis touché de l’accueil qui m’est fait. J’offre au congrès, j’offre à ce généreux et sympathique auditoire, mon émotion profonde. Citoyens, vous avez eu raison de choisir pour lieu de réunion de vos délibérations ce noble pays des Alpes. D’abord, il est libre ; ensuite, il est sublime. Oui, c’est ici, oui, c’est en présence de cette nature magnifique qu’il sied de faire les grandes déclarations d’humanité, entre autres celles-ci : Plus de guerre !

Une question domine ce congrès.

Permettez-moi, puisque vous m’avez fait l’honneur in-