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Page:Hugo - Actes et paroles - volume 4.djvu/199

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I

CUBA

L’Europe, où couvaient de redoutables événements, commençait à perdre de vue les choses lointaines. À peine savait-on, de ce côté de l’Atlantique, que Cuba était en pleine insurrection. Les gouverneurs espagnols réprimaient cette révolte avec une brutalité sauvage. Des districts entiers furent exécutés militairement. Les femmes s’enfuyaient. Beaucoup se réfugiaient à New-York. Au commencement de 1870, une adresse des femmes de Cuba, couverte de plus de trois cents signatures, fut envoyée de New-York à Victor Hugo pour le prier d’intervenir dans cette lutte. Il répondit :

AUX FEMMES DE CUBA

Femmes de Cuba, j’entends votre plainte. Ô désespérées, vous vous adressez à moi. Fugitives, martyres, veuves, orphelines, vous demandez secours à un vaincu. Proscrites, vous vous tournez vers un proscrit ; celles qui n’ont plus de foyer appellent à leur aide celui qui n’a plus de patrie. Certes, nous sommes bien accablés ; vous n’avez plus que votre voix, et je n’ai plus que la mienne ; votre voix gémit, la mienne avertit. Ces deux souffles, chez vous le sanglot, chez moi le conseil, voilà tout ce qui nous reste. Qui sommes-nous ? La faiblesse. Non, nous sommes la force. Car vous êtes le droit, et je suis la conscience.

La conscience est la colonne vertébrale de l’âme ; tant