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Page:Hugo - Actes et paroles - volume 4.djvu/213

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LUCRÈCE BORGIA.

l’applaudissement d’une femme comme George Sand, moi vieux bonhomme pensif, je sens mon cœur se fondre. C’est donc vrai que je suis un peu aimé !

En même temps que Lucrèce Borgia sort de prison, mon fils Charles va y rentrer. Telle est la vie. Acceptons-la.

Vous, de votre vie, éprouvée aussi par bien des douleurs, vous aurez fait une lumière. Vous aurez dans l’avenir l’auréole auguste de la femme qui a protégé la Femme. Votre admirable œuvre tout entière est un combat ; et ce qui est combat dans le présent est victoire dans l’avenir. Qui est avec le progrès est avec la certitude. Ce qui attendrit lorsqu’on vous lit, c’est la sublimité de votre cœur. Vous le dépensez tout entier en pensée, en philosophie, en sagesse, en raison, en enthousiasme. Aussi quel puissant écrivain vous êtes ! Je vais bientôt avoir une joie, car vous allez avoir un succès. Je sais qu’on répète une pièce de vous.

Je suis heureux toutes les fois que j’échange une parole avec vous ; ma rêverie a besoin de ces éclats de lumière que vous m’envoyez, et je vous rends grâce de vous tourner de temps en temps vers moi du haut de cette cime où vous êtes, grand esprit.

Mon illustre amie, je suis à vos pieds.

Victor Hugo.