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PENDANT L’EXIL. — 1870

user, l’affaiblissement d’autorité propre à là vieillesse d’une trahison. Nous attendons.

Et en attendant, devant le mécanisme dit plébiscite, nous haussons les épaules.

À l’Europe sans désarmement, à la France, sans influence, à la Prusse sans contre-poids, à la Russie sans frein, à l’Espagne sans point d’appui, à la Grèce sans la Crète, à l’Italie sans Rome, à Rome sans les Romains, à la démocratie sans le peuple, nous disons Non.

À la liberté poinçonnée par le despotisme, à la prospérité dérivant d’une catastrophe, à la justice rendue au nom d’un accusé, à la magistrature marquée des lettres L. N. B., à 89 visé par l’empire, au 14 Juillet complété par le 2 Décembre, à la loyauté jurée par le faux serment, au progrès décrété par la rétrogradation, à la solidité promise par la ruine, à la lumière octroyée par les ténèbres, à l’escopette qui est derrière le mendiant, au visage qui est derrière le masque, au spectre qui est derrière le sourire, nous disons Non.

Du reste, si l’auteur du coup d’état tient absolument à nous adresser une question à nous, peuple, nous ne lui reconnaissons que le droit de nous faire celle-ci :

« Dois-je quitter les Tuileries pour la Conciergerie et me mettre à la disposition de la justice ?

« Napoléon. »

Oui.

Victor Hugo
Hauteville-House, 27 avril 1870.