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PENDANT L’EXIL. — 1865.

l’unité va renaître. La guerre tend à s’éteindre en Europe, pourquoi ? parce que l’unité tend à se former. Parallélisme saisissant entre la déchéance des fléaux et l’avènement de l’humanité une.

Une solennité comme celle-ci est un magnifique symptôme. C’est la fête de tous les hommes célébrée par une nation à l’occasion d’un génie. Cette fête, l’Allemagne la célèbre pour Schiller, puis l’Angleterre pour Shakespeare, puis l’Italie pour Dante. Et l’Europe est de la fête. Ceci est la communion sublime. Chaque nation donne aux autres une part de son grand homme. L’union des peuples s’ébauche par la fraternité des génies.

Le progrès marchera de plus en plus dans cette voie qui est la voie de lumière. Et c’est ainsi que nous arriverons, pas à pas, et sans secousse, à la grande réalisation ; c’est ainsi que, fils de la dispersion, nous entrerons dans la concorde ; c’est ainsi que tous, par la seule force des choses, par la seule puissance des idées, nous aboutirons à la cordialité, à la paix, à l’harmonie. Il n’y aura plus d’étrangers. Toute la terre sera compatriote. Telle est la vérité suprême ; tel est l’achèvement nécessaire. L’unité de l’homme correspond à l’unité de Dieu.

Je m’associe filialement à la fête de l’Italie.

Victor Hugo