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Page:Hugo - Actes et paroles - volume 4.djvu/91

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III

LA CRÈTE

Un cri m’arrive d’Athènes.

Dans la ville de Phidias et d’Eschyle un appel m’est fait, des voix prononcent mon nom.

Qui suis-je pour mériter un tel honneur ? Rien. Un vaincu.

Et qui est-ce qui s’adresse à moi ? Des vainqueurs.

Oui, candiotes héroïques, opprimés d’aujourd’hui, vous êtes les vainqueurs de l’avenir. Persévérez. Même étouffés, vous triompherez. La protestation de l’agonie est une force. C’est l’appel devant Dieu, qui casse… quoi ? les rois.

Ces toutes-puissances que vous avez contre vous, ces coalitions de forces aveugles et de préjugés tenaces, ces antiques tyrannies armées, ont pour principal attribut une remarquable facilité de naufrage. La tiare en poupe, le turban en proue, le vieux navire monarchique fait eau. Il sombre à cette heure au Mexique, en Autriche, en Espagne, en Hanovre, en Saxe, à Rome, et ailleurs. Persévérez.

Vaincus, vous ne pouvez l’être.

Une insurrection étouffée n’est point un principe supprimé.