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L’INCIDENT BELGE.

prince de Ligne comme une bravade, par M. le ministre des affaires étrangères comme une provocation au mépris des lois.

La tranquillité publique est menacée par la présence de Victor Hugo sur le territoire belge ! Le gouvernement l’a d’abord engagé à quitter le pays. Victor Hugo s’y étant refusé, un arrêté d’expulsion a été rédigé. Cet arrêt sera exécuté.

Nous déplorons profondément la résolution que vient de prendre le ministère.

L’hospitalité accordée à Victor Hugo faisait honneur au pays qui la donnait, autant qu’au poëte qui la recevait. Il nous est impossible d’admettre que, pour avoir exprimé une opinion contraire à la nôtre, contraire à celle du gouvernement et de la population, Victor Hugo ait abusé de cette hospitalité, et, même la loi de 1835 étant donnée, nous ne pouvons approuver l’usage qu’en fait le ministère.

Voilà ce que nous avons à dire au gouvernement. Quant à M. le comte de Ribaucourt qui approuve, lui, les mesures prises contre « l’individu dont il s’agit », nous ne lui dirons rien.

§ 5
CHAMBRE DES REPRÉSENTANTS DE BELGIQUE
seance du 31 mai
interpellation

m. defuisseaux. — J’ai demandé la parole pour protester avec énergie contre l’arrêté d’expulsion notifié à Victor Hugo.

Avant d’entrer dans cette Chambre, j’étais adversaire de la loi sur l’expulsion des étrangers ; depuis lors, mes principes n’ont pas varié et je m’étais fait l’illusion de croire, en voyant, pendant des mois entiers, les bonapartistes conspirer impunément contre le gouvernement régulier de la France, que cette loi était virtuellement abolie.

Il n’en était rien. Nous vous voyons tolérer, à quelques mois de distance, les menées bonapartistes ; offrir, sous prétexte d’hospitalité, les honneurs d’un train spécial à l’homme du 2 décembre… (Interruption à droite.) Je dirai, si vous voulez, l’homme de Sedan, et