Page:Hugo - Actes et paroles - volume 5.djvu/179

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
169
L’INCIDENT BELGE.

troupes de Versailles ont, pendant ces six derniers jours, fusillé et déchiqueté à coups de bayonnette des prisonniers, des femmes et des enfants !

« Nous n’avons pas un mot à dire en faveur de ces noirs coquins, qui, évidemment, ont prémédité la destruction totale de Paris, la mort par le feu de sa population et l’anéantissement de ses trésors. Mais si des soldats se transforment eux-mêmes en démons pour attaquer des démons, est-il étonnant de voir le caractère démoniaque de la lutte redoubler ?

« La fureur a attisé la fureur, la haine a envenimé la haine, jusqu’à ne plus faire des plus sauvages passions du cœur humain qu’un immense et inextinguible brasier. »

Voilà, messieurs, les sentiments qu’inspire à l’opinion anglaise ce qui se passe à Paris ; voilà les sentiments sous l’empire desquels j’ai répondu tantôt aux interruptions de la droite.

Je n’ai voulu flétrir que des actes qui seront à jamais flétris dans l’histoire comme le seront ceux des insurgés eux-mêmes.

Je passe à l’expulsion de Victor Hugo. Je n’en dirai qu’un mot, si on veut me laisser la parole en ce moment.

Si j’étais sûr de l’exactitude de la conversation que M. le ministre des affaires étrangères nous a rapportée, comme ayant eu lieu entre M. l’administrateur de la sûreté publique et M. Victor Hugo, je déclare que je ne voterais point l’ordre du jour qui d’abord avait mes sympathies.

On répand partout dans la presse, pour terrifier nos populations, le bruit d’une vaste conspiration dont on aurait saisi les preuves matérielles sur des cadavres de membres de la Commune, conspiration ayant pour but de traverser avec l’armée insurrectionnelle le territoire occupé par les troupes prussiennes, afin de porter en Belgique les restes de la Commune expirante, et de l’y ranimer à l’aide des sympathies qu’elle excite prétendument chez nos classes ouvrières.

Je ne crois pas à cette conspiration, et je ne crois pas non plus aux paroles que l’on prête à M. Hugo dans son entretien avec M. l’administrateur de la sûreté publique. (Interruption.)

M. le ministre des affaires étrangères les a-t-il entendues ? Ne peut-on, au milieu des passions du moment, au milieu des préoccupations qui hantent légitimement, je le veux bien, l’esprit des ministres et de leurs fonctionnaires, se tromper sur certains détails ?

Avez-vous un interrogatoire de M. Victor Hugo ?