Page:Hugo - Actes et paroles - volume 5.djvu/182

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
172
DEPUIS L’EXIL. — BRUXELLES.
§ 7
À MM. Couvreur, Defuissaux, Demeur, Guillery, Jottrand,
représentants du peuple belge.
Luxembourg, 2 juin 1871.
Messieurs,

Je tiens à vous remercier publiquement ; non pas en mon nom, car que suis-je dans de si grandes questions ? mais au nom du droit, que vous avez voulu maintenir, et au nom de la vérité, que vous avez voulu éclaircir. Vous avez agi comme des hommes justes.

L’offre d’asile qu’a bien voulu me faire, en nobles et magnifiques paroles, l’éloquent promoteur de l’interpellation, M. Defuisseaux, m’a profondément touché. Je n’en ai point usé. Dans le cas où les pluies de pierre s’obstineraient à me suivre, je ne voudrais pas les attirer sur sa maison.

J’ai quitté la Belgique. Tout est bien.

Quant au fait en lui-même, il est des plus simples.

Après avoir flétri les crimes de la Commune, j’avais cru de mon devoir de flétrir les crimes de la réaction. Cette égalité de balance a déplu.

Rien de plus obscur que les questions politiques compliquées de questions sociales. Cette obscurité, qui appelle l’enquête et qui quelquefois embarrasse l’histoire, est acquise aux vaincus de tous les partis, quels qu’ils soient ; elle les couvre en ce sens qu’elle veut l’examen. Toute cause vaincue est un procès à instruire. Je pensais cela. Examinons avant de juger, et surtout avant de condamner, et surtout avant d’exécuter. Je ne croyais pas ce principe douteux. Il paraît que tuer tout de suite vaut mieux.

Dans la situation où est la France, j’avais pensé que le gouvernement belge devait laisser sa frontière ouverte, se