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DEPUIS L’EXIL. — PARIS.

Nous serions fiers qu’Avignon pût parler par la voix de notre plus grand poëte aux concitoyens du poëte et du patriote Pétrarque.

L’Italie, alors, entendrait un langage véritablement français, et l’échange des sentiments qui doivent unir les deux grandes nations serait dignement exprimé.

C’est dans ces circonstances, c’est dans cette pensée, et pour donner, nous, à ces fêtes officielles leur véritable portée, qu’un groupe considérable d’amis, — qui représentent toute la démocratie avignonnaise et la jeunesse républicaine du pays, — m’ont chargé de vous adresser la présente lettre, pour vous inviter à venir passer au milieu de nous les journées des 18, 19 et 20 juillet. La vraie fête aura lieu si vous daignez accepter cette invitation, et votre visite aurait, pour tout le midi de la France, une grande, une féconde signification.

Permettez-nous d’espérer que notre invitation sera par vous acceptée, et de nous en réjouir d’avance ; et veuillez, cher et grand citoyen, recevoir, au nom de mes amis ainsi qu’en mon nom personnel, l’expression de notre respectueuse et profonde admiration.

Saint-Martin,
Conseiller général de Vaucluse,
ex-rédacteur en chef de la Démocratie du Midi.

Victor Hugo a répondu :

Paris, 18 juillet 1874.
Mon honorable concitoyen,

La noble et glorieuse invitation que vous voulez bien me transmettre me touche profondément. J’ai le chagrin de ne pouvoir m’y rendre, étant en ce moment retenu près de mon petit-fils, convalescent d’une grave maladie.

Je suis heureux du souvenir que veut bien me garder cette vaillante démocratie du midi, qui est comme l’avant-garde de la démocratie universelle, et à laquelle le monde pense toutes les fois qu’il entend la Marseillaise.

La Marseillaise, c’est la voix du midi ; c’est aussi la voix de l’avenir.