Page:Hugo - Actes et paroles - volume 6.djvu/178

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
168
DEPUIS L’EXIL. — PARIS.

(Sensation.) La répression est inexorable. C’est ainsi que le 18 Mars a été frappé.

Quant au 2 Décembre, j’y insiste, dire qu’il a été impuni serait dérisoire, il a été glorifié ; il a été, non subi, mais adoré ; il est passé à l’état de crime légal et de forfait inviolable. (Applaudissements à l’extrême gauche.) Les prêtres ont prié pour lui ; les juges ont jugé sous lui ; des représentants du peuple, à qui ce crime avait donné des coups de crosse, non seulement les ont reçus, mais les ont acceptés (rires à gauche), et se sont faits ses serviteurs. L’auteur du crime est mort dans son lit, après avoir complété le 2 Décembre par Sedan, la trahison par l’ineptie et le renversement de la république par la chute de la France ; et, quant aux complices, Morny, Billault, Magnan, Saint-Arnaud, Abbatucci, ils ont donné leurs noms à des rues de Paris. (Sensation.) Ainsi, à vingt ans d’intervalle, pour deux révoltes, pour le 18 Mars et le 2 Décembre, telles ont été les deux conduites tenues dans les régions du haut desquelles on gouverne ; contre le peuple, toutes les rigueurs ; devant l’empereur, toutes les bassesses.

Il est temps de faire cesser l’étonnement de la conscience humaine. Il est temps de renoncer à cette honte de deux poids et de deux mesures ; je demande, pour les faits du 18 Mars, l’amnistie pleine et entière. (Applaudissements prolongés à l’extrême gauche. — La séance est suspendue. L’orateur regagne son banc, félicité par ses collègues.)

quelques membres au centre. — Aux voix ! Aux voix !

m. le président. — Personne ne demande la parole ? (Silence au banc de la commission et au banc du gouvernement.) Il y a un amendement de M. Tolain.

m. tolain, au pied de la tribune. — En présence du silence de la commission et du gouvernement, qui ne trouvent rien à répondre, je retire mon amendement.

m. le président donne lecture des articles de la proposition d’amnistie, qui sont successivement rejetés, par assis et levé.