Page:Hugo - Actes et paroles - volume 6.djvu/91

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
81
LA LIBÉRATION DU TERRITOIRE.

Oui, vous avez laissé ces reîtres aux mains viles
Voler nos champs, voler nos murs, voler nos villes,
Et compléter leur gloire avec nos sacs d’écus ;
Oui, vous fûtes captifs ; oui, vous êtes vaincus ;
Vous êtes dans le puits des chutes insondables.
Mais c’est votre destin d’en sortir formidables,
Mais vous vous dresserez, mais vous vous lèverez,
Mais vous serez ainsi que la faulx dans les prés ;
L’hercule celte en vous, la hache sur l’épaule,
Revivra, vous rendrez sa frontière à la Gaule,
Vous foulerez aux pieds Fritz, Guillaume, Attila,
Schinderhanne et Bismarck, et j’attends ce jour-là !

Oui, les hommes d’Eylau vous diront : Camarades !

Et jusque-là soyez pensifs loin des parades,
Loin des vaines rumeurs, loin des faux cliquetis,
Et regardez grandir nos fils encor petits.

*

Je vis désormais, l’œil fixé sur nos deux villes.

Non, je ne pense pas que les rois soient tranquilles ;
Je n’ai plus qu’une joie au monde, leur souci.
Rois, vous avez vaincu, vous avez réussi,
Vous bâtissez, avec toutes sortes de crimes,
Un édifice infâme au haut des monts sublimes ;
Vous avez entre l’homme et vous construit un mur,
Soit ; un palais énorme, éblouissant, obscur,
D’où sort l’éclair, où pas une lumière n’entre,