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LE CENTENAIRE DE VOLTAIRE.

À la suite du centenaire de Voltaire, les journaux cléricaux publièrent une lettre adressée à Victor Hugo par M. Dupanloup.

Victor Hugo fit à cette lettre la réponse que voici :

À M. L’ÉVÊQUE D’ORLÉANS

Paris, 3 juin 1873
Monsieur,

Vous faites une imprudence.

Vous rappelez, à ceux qui ont pu l’oublier, que j’ai été élevé par un homme d’église, et que, si ma vie a commencé par le préjugé et par l’erreur, c’est la faute des prêtres, et non la mienne. Cette éducation est tellement funeste qu’à près de « quarante ans », vous le constatez, j’en subissais encore l’influence. Tout cela a été dit. Je n’y insiste pas. Je dédaigne un peu les choses inutiles.

Vous insultez Voltaire, et vous me faites l’honneur de m’injurier. C’est votre affaire.

Nous sommes, vous et moi, deux hommes quelconques. L’avenir jugera. Vous dites que je suis vieux, et vous me faites entendre que vous êtes jeune. Je le crois.

Le sens moral est encore si peu formé chez vous, que vous faites « une honte » de ce qui est mon honneur.

Vous prétendez, monsieur, me faire la leçon. De quel droit ? Qui êtes-vous ? Allons au fait. Le fait le voici : Qu’est--