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DEPUIS L’EXIL. — 1878.

rieuse année proclame, par l’exposition de Paris, l’alliance des industries ; par le centenaire de Voltaire, l’alliance des philosophies ; par le congrès ici rassemblé, l’alliance des littératures (applaudissements) ; vaste fédération du travail sous toutes les formes ; auguste édifice de la fraternité humaine, qui a pour base les paysans et les ouvriers et pour couronnement les esprits. (Bravos)

L’industrie cherche l’utile, la philosophie cherche le vrai, la littérature cherche le beau. L’utile, le vrai, le beau, voilà le triple but de tout l’effort humain ; et le triomphe de ce sublime effort, c’est, messieurs, la civilisation entre les peuples et la paix entre les hommes.

C’est pour constater ce triomphe que, de tous les points du monde civilisé, vous êtes accourus ici. Vous êtes les intelligences considérables que les nations aiment et vénèrent, vous êtes les talents célèbres, les généreuses voix écoutées, les âmes en travail de progrès. Vous êtes les combattants pacificateurs. Vous apportez ici le rayonnement des renommées. Vous êtes les ambassadeurs de l’esprit humain dans ce grand Paris. Soyez les bienvenus. Écrivains, orateurs, poëtes, philosophes, penseurs, lutteurs, la France vous salue. (Applaudissements prolongés)

Vous et nous, nous sommes les concitoyens de la cité universelle. Tous, la main dans la main, affirmons notre unité et notre alliance. Entrons, tous ensemble, dans la grande patrie sereine, dans l’absolu, qui est la justice, dans l’idéal, qui est la vérité.

Ce n’est pas pour un intérêt personnel ou restreint que vous êtes réunis ici ; c’est pour l’intérêt universel. Qu’est-ce que la littérature ? C’est la mise en marche de l’esprit humain. Qu’est-ce que la civilisation ? C’est la perpétuelle découverte que fait à chaque pas l’esprit humain en marche ; de là le mot Progrès. On peut dire que littérature et civilisation sont identiques.

Les peuples se mesurent à leur littérature. Une armée de deux millions d’hommes passe, une Iliade reste ; Xercès a