Page:Hugo - Actes et paroles - volume 7.djvu/99

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
89
CONGRÈS LITTÉRAIRE INTERNATIONAL

commencé l’affirmation de la concorde et de la paix ; continuons cette affirmation hautaine et tranquille.

Je l’ai dit ailleurs, et je le répète, toute la sagesse humaine tient dans ces deux mots : Conciliation et Réconciliation ; conciliation pour les idées, réconciliation pour les hommes.

Messieurs, nous sommes ici entre philosophes, profitons de l’occasion, ne nous gênons pas, disons des vérités. (Sourires et marques d’approbation'.') En voici une, une terrible : le genre humain a une maladie, la haine. La haine est mère de la guerre ; la mère est infâme, la fille est affreuse.

Rendons-leur coup sur coup. Haine à la haine ! Guerre à la guerre ! (Sensation)

Savez-vous ce que c’est que cette parole du Christ : « Aimez-vous les uns les autres » ? C’est le désarmement universel. C’est la guérison du genre humain. La vraie rédemption, c’est celle-là. Aimez-vous. On désarme mieux son ennemi en lui tendant la main qu’en lui montrant le poing. Ce conseil de Jésus est un ordre de Dieu. Il est bon. Nous l’acceptons. Nous sommes avec le Christ, nous autres ! L’écrivain est avec l’apôtre ; celui qui pense est avec celui qui aime. (Bravos.)

Ah ! poussons le cri de la civilisation ! Non ! non ! non ! nous ne voulons ni des barbares qui guerroient, ni des sauvages qui assassinent ! Nous ne voulons ni de la guerre de peuple à peuple, ni de la guerre d’homme à homme. Toute tuerie est non seulement féroce, mais insensée. Le glaive est absurde et le poignard est imbécile. Nous sommes les combattants de l’esprit, et nous avons pour devoir d’empêcher le combat de la matière ; notre fonction est de toujours nous jeter entre les deux armées. Le droit à la vie est inviolable. Nous ne voyons pas les couronnes, s’il y en a, nous ne voyons que les têtes. Faire grâce, c’est faire la paix. Quand les heures funestes sonnent, nous demandons aux rois d’épargner la vie des peuples, et nous