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NOTES.

pour partager ses souffrances et ses dangers. Nous nous rappelons tous son arrivée le 5 septembre au soir. Quelle joie ! Quel enthousiasme dans la population parisienne ! Elle revoyait enfin celui qui était absent depuis dix-neuf ans !

Désormais Victor Hugo est resté parmi nous toujours prêt à défendre les droits de notre grande cité.

Devant l’Assemblée de Bordeaux, il défend Paris en ces termes : « Paris espérait votre reconnaissance et il obtient votre suspicion ! Mais qu’est-ce donc qu’il vous a fait ? Ce qu’il vous a fait, je vais vous le dire : Dans la défaillance universelle, il a levé la tête ; quand il a vu que la France n’avait plus de soldats, Paris s’est transfiguré en armée ; il a espéré quand tout désespérait ; après Phalsbourg tombée, après Toul tombée, après Strasbourg tombée, après Metz tombée, Paris est resté debout. Un million de vandales ne l’a pas étonné. Paris s’est dévoué pour tous, il a été la ville superbe du sacrifice. Voici ce qu’il vous a fait. Il a plus que sauvé la vie à la France, il lui a sauvé l’honneur. »

Voilà comment Victor Hugo parlait de Paris. Vous voyez que j’ai raison de dire que le lien entre notre grand citoyen et Paris est indissoluble. Mon affirmation est confirmée par la population parisienne, qui se presse pour assister à ses magnifiques funérailles.

En rappelant ici les services considérables rendus à Paris par Victor Hugo, j’honore sa mémoire et je lui apporte la reconnaissance et la gratitude de notre grande cité.

Après les événements terribles de mai 1871, Victor Hugo est le premier à parler de concorde et d’apaisement et à réclamer l’amnistie. À Bruxelles, il offre un asile aux Parisiens vaincus, obligés de s’expatrier pour échapper aux rigueurs des conseils de guerre.

Il conseille la clémence alors que la répression et la vengeance sont à l’ordre du jour.

Au point de vue municipal, Paris est encore placé sous un régime d’exception. Il y a longtemps que Victor Hugo a réclamé la reconnaissance des droits municipaux de Paris, et voici en quels termes : « Le droit de Paris est patent. Paris est une commune, la plus nécessaire de toutes comme la plus illustre. Paris commune est le résultat de la France république. Comment ! Londres est une commune et Paris n’en serait pas une ! Londres, sous l’oligarchie, existe, et Paris, sous la démocratie, n’existerait pas ! La monarchie respecte Londres et la monarchie violerait Paris ! Énoncer de telles choses suffit ; n’insistons pas. Paris est de droit commune, comme la France est de droit république. »

Je remercie Victor Hugo d’avoir réclamé les droits de Paris. Je suis heureux de rappeler ces paroles en présence des pouvoirs publics. Qu’ils me permettent d’espérer qu’ils voudront bien se souvenir que Paris vit encore sous un régime d’exception, et qu’il