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NOTES.

pendant près d’un siècle, il put emporter en germe de notre pays une portion de ces qualités physiques qui ont fait de lui l’un des plus puissants génies de son temps ?

Ah ! laissez-moi, vous qui voulez bien m’écouter avec indulgence, laissez-moi appeler à mon aide, en ce moment solennel, quelques vers de l’un de nos jeunes poètes francs-comtois, adressant, en 1881, une ode à Victor Hugo :

…À votre âme il reste quelque chose
De ce qui l’entoura dans ses premiers moments…
Ô vieux maître, c’est bien dans la Franche-Comté
Que vous avez puisé pour toute votre vie
Cette sublime soif sans cesse inassouvie
De justice suprême et d’âpre liberté.

C’est pénétré moi-même de cette pensée que, dès le mois de mars 1879, étant maire de Besançon, je proposais au conseil municipal, pour perpétuer parmi nous le nom du grand citoyen dont Besançon fut le berceau et pour en transmettre la mémoire aux générations à venir, de donner son nom à l’une de nos rues et de placer sur la façade de la maison où il est né un cartouche en bronze, dont le maître lui-même dicta l’inscription : Victor Hugo : 26 février 1802, inscription qu’il faut aujourd’hui compléter par cette date funèbre : « 22 mai 1885. »

La pose de ce cartouche fut l’occasion d’une fête presque nationale et d’un banquet où le maître se fit représenter par M. Paul Meurice, porteur d’une lettre que nous conservons dans nos archives comme un monument bien précieux.

Elle est ainsi conçue :

« Décembre 1880.

« Je remercie mes compatriotes avec une émotion profonde. Je suis une pierre de la route où marche l’humanité ; mais c’est la bonne route. L’homme n’est le maître ni de sa vie ni de sa mort. Il ne peut qu’offrir à ses concitoyens ses efforts pour diminuer la souffrance humaine et qu’offrir à Dieu sa foi invincible dans l’accroissement de la liberté.

« Victor Hugo. »

Voilà l’admirable testament qu’il a laissé à ceux qui conservent son berceau. Voilà pourquoi la ville de Besançon a délégué une partie de sa municipalité à ces solennelles obsèques, pendant que toute sa population, sur l’initiative des étudiants de ses écoles préparatoires, des instituteurs et des élèves de ses écoles primaires,