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NOTES.

Il n’a pas vingt ans qu’il publia le Conservateur littéraire. Lorsque plus tard, sorti vainqueur de la grande bataille romantique, il élargit son horizon, c’est au journal, c’est à l’Événement de 1848 qu’il demande une tribune politique, comme il avait demandé une tribune littéraire au Conservateur de 1819.

Plus tard encore, pendant l’exil et après l’exil, toutes les fois que le grand poëte a eu une cause généreuse à défendre, il fait à la presse l’honneur de l’associer à ses belles actions, à ses revendications éloquentes, à ses appels à la clémence et à l’humanité. Qu’il s’agisse de combattre l’esclavage dans les colonies espagnoles ou de répondre à l’appel des Crétois, qu’il s’agisse de demander à l’Angleterre la grâce des fenians condamnés à mort, ou d’implorer de Juarez la grâce de l’empereur Maximilien ; plus tard encore, qu’il s’agisse de plaider la cause de la France durant l’Année terrible, c’est le journal qui porte au monde les revendications de cette grande conscience et les éclats de cette voix puissante.

Voilà, messieurs, pour la presse, un grand honneur. Elle en est fière. On l’accuse parfois du mal dont elle est innocente : n’a-t-elle pas le droit de se glorifier du bien qui s’est fait par elle ?

On n’accusera pas la presse d’ingratitude vis-à-vis du grand homme dont nous célébrons aujourd’hui l’apothéose ; l’immense publicité qu’elle a donnée aux œuvres du maître a fait pénétrer sa pensée jusque dans les hameaux les plus reculés. Elle a mis sa gloire à l’abri des contestations qui se sont élevées, dans d’autres pays, autour d’illustres génies.

La presse tout entière s’est inclinée avec respect devant les restes du poète national. Les dissentiments se sont imposé silence devant ce glorieux cercueil ; et c’est pour celui qui parle au nom de la presse parisienne une satisfaction profonde de savoir qu’il est l’interprète de tous ses confrères quand il exprime son admiration et sa gratitude pour celui qui fut Victor Hugo.


DISCOURS DE M. LOUIS ULBACH
au nom de l’association littéraire internationale

Si je n’écoutais que la douleur d’une amitié de plus de quarante ans et si je n’obéissais qu’à l’admiration de toute ma vie, je me tairais devant le silence formidable de ce cercueil.

Mais j’ai reçu de l’Association littéraire et artistique internationale, dont Victor Hugo était le président d’honneur, un mandat