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LA FÊTE DU 27 FÉVRIER.

À ce moment, apparaît la députation du conseil municipal de Paris, précédée par deux huissiers.

En tête, MM. Thorel, Sigismond Lacroix, Murat. Tous s’arrêtent, tête nue, sous la fenêtre de Victor Hugo. Il se fait un grand silence.

Victor Hugo prononce le discours suivant, interrompu à chaque phrase par les applaudissements et les cris de : Vive Victor Hugo !

Je salue Paris.

Je salue la ville immense.

Je la salue, non en mon nom, car je ne suis rien ; mais au nom de tout ce qui vit, raisonne, pense, aime et espère ici-bas.

Les villes sont des lieux bénis ; elles sont les ateliers du travail divin. Le travail divin, c’est le travail humain. Il reste humain tant qu’il est individuel ; dès qu’il est collectif, dès que son but est plus grand que son travailleur, il devient divin ; le travail des champs est humain, le travail des villes est divin.

De temps en temps, l’histoire met un signe sur une cité. Ce signe est unique. L’histoire, en quatre mille ans, marque ainsi trois cités qui résument tout l’effort de la civilisation. Ce qu’Athènes a été pour l’antiquité grecque, ce que Rome a été pour l’antiquité romaine, Paris l’est aujourd’hui pour l’Europe, pour l’Amérique, pour l’univers civilisé. C’est la ville et c’est le monde. Qui adresse la parole à Paris adresse la parole au monde entier. Urbi et orbi.

Donc, moi, l’humble passant qui n’ai que ma part de votre droit à tous, au nom des villes, de toutes les villes, des villes d’Europe et d’Amérique et du monde civilisé, depuis Athènes jusqu’à New-York, depuis Londres jusqu’à Moscou, en ton nom, Madrid, en ton nom, Rome, je glorifie avec amour et je salue la ville sacrée, Paris.

Le discours achevé, les chapeaux s’agitent, on crie : bravo ! et le